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desLIRONS au collège de Geaune
2 mars 2014

Le Chagrin Lionel DUROY Après Priez pour nous,

 Le Chagrin

Lionel DUROY

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Après Priez pour nous, paru en 1990, l'auteur revient sur son enfance très éprouvante parmi ses dix frères et sœurs, qui a miné sa vie d'adulte. Une famille aristo de onze enfants, une mère avec des rêves de grandeur et un père au sang froid à toutes épreuves mais qui ne fait pas le poids face aux dettes, aux huissiers et aux avis d’expulsions…

 Toute l’œuvre de Lionel Duroy ne cesse de s’entortiller comme un escalier en colimaçon, repassant sans cesse devant les mêmes souvenirs obsessionnels, mais l’ascension de l’auteur est indéniable, et c’est grâce à cet « escalier » qu’il va pouvoir éclore et s’épanouir malgré son chagrin. Et le plus touchant dans ce roman, c’est que le lecteur peut constater l’évolution du narrateur, passant de la voix du nourrisson à celle de l’enfant de dix ans puis à celle du père adulte, à travers « la petite musique » qui ressort de ses paroles et qui exprime aussi bien la nostalgie que l’euphorie et la colère..

 Lisez le roman jusqu’au bout et vous comprendrez ce que les frères et sœurs de l’auteur n’ont pas su ou pas voulu comprendre ; pas voulu comprendre que ce roman n’est pas un règlement de compte, une vengeance froide, un acte bas, honteux mais une manière de se sauver, de se défaire de ses marques indélébiles qui noircissent son passé, et il pensait bien faire en libérant aussi ses frères et sœurs de leur chagrin, de leur mère, mais il était malheureusement le seul à éprouver ce besoin vital de tout dire, coûte que coûte …

Lisez-le jusqu’au bout et vous verrez que Lionel Duroy n’est pas une « ordure » comme le prétendent ses frères car malgré tout ce qu’il a pu dire ou écrire, il a aimé sa mère.

 

« Ce doit être un jeudi, nous n'avons pas école. Nous sommes tous assis autour de la table, et maman surgit de la cuisine avec la friteuse pleine d'huile bouillante au bout de ses bras tendus. Et soudain, elle tombe, là. Je suppose que c'est toujours insupportable de voir tomber sa mère, mais la nôtre accompagne sa chute d'un hurlement qui continue de me hanter, tant d'années après. Je ne sais pas ce que font mes frères et sœurs, mais moi je me mets à pleurer de terreur et de chagrin, ou de chagrin et de terreur, je ne saurais pas dire dans quel ordre tant les deux sentiments se confondent aujourd'hui dans ma mémoire. Je ne veux plus voir notre mère agitant les pattes comme une écrevisse au court-bouillon, ou un scarabée qu'on essaierait de tuer. Je ne veux plus, mon Dieu. A ce moment-là, j'ai la certitude que notre mère est devenue folle, qu'elle ne reviendra pas à la raison, et c'est la première fois que je mesure combien je l'aime, moi qui pensais ne pas l'aimer. »

« J’étais bien placé pour savoir combien les livres sont destructeurs, et cependant je ne connaissais pas de plus sûr moyen de garder auprès de soi ceux que nous aimons le plus »…

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Commentaires
M
Que ce livre est bien présenté ... <br /> <br /> Tu m'as donné envie de le frelire encore et encore . <br /> <br /> Merci.
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